Coronavirus: tous concernés.
La période actuelle est paradoxale. Certains sont confinés, d’autres exposés. Certains vivent le calme, d’autres l’agitation. L’économie ralentit, l’activité se maintient tant bien que mal ou s’arrête net selon les secteurs. La Terre se met en jachère. Nos corps sont eux aussi au repos, nous sommes limités dans nos déplacements. Pendant ce temps-là, nous pouvons penser les uns aux autres, nous écrire, nous parler, nous voir via nos écrans.
Un temps avec soi-même s’offre à chacun. Je penserai toujours qu’il existe un sens à chaque situation ou phénomène. Un sens, pas nécessairement une explication qui relèverait plutôt de la science et du raisonnement.
Nous sommes actuellement en état d’urgence sanitaire. Les mots sont denses. Pour le moment, l’attention s’oriente vers la maîtrise de l’épidémie et les corps dont les soignants prennent soin dans des conditions difficiles. Cela n’est pas sans incidence sur la vie psychique. Les pensées se figent, s’emballent ou s’enchevêtrent, selon le fonctionnement propre à chacun. En témoignent les comportements que nous pouvons observer dans les pharmacies, les supermarchés, les transports… Chaque regard véhicule un sentiment de peur, d’anxiété, de panique, d’insouciance ou encore de déni.
L’être humain est ainsi fait : c’est dans l’absence, le manque qu’il perçoit ce que représente la présence. Quand nous sommes privés d’un être cher, de mouvement, de liberté, de lien social, d’activité professionnelle… notre désarroi nous aide à toucher du doigt la place et la valeur que tout cela détient dans nos existences. Inévitablement, nous avons tendance à vouloir combler le manque au plus vite, suturer la béance qui fait mal. C’est certainement un tort car il y a une élaboration psychique intéressante à mener sur ce qui n’est pas ou plus. Pour mieux vivre avec.
La mise en parole de ce que chacun traverse est essentielle. L’écoute spécifique du psychologue représente une possibilité de nommer ce vécu, d’en dire quelque chose pour pendre soin de soi. Le soutien psychologique permet de faire face à un changement, de s’apaiser, de mieux se connaître, de mobiliser ses ressources pour orienter son existence vers ce qui est crucial et porteur de sens.
Le psychisme sera lui aussi impacté par le Covid-19 et son cortège de conséquences. Il l’est déjà. Le soutien psychologique prend tout son sens en cette période délicate et inédite. Cette crise sanitaire fonctionne à l’instar d’un point de rupture. Nous ne serons plus les mêmes. Nous ne sommes déjà plus les mêmes.